Improviser 800 km en VE avec des passagers « anti-VE », oui c’est possible !
Un aller-retour de 800 km dans la journée, est-ce faisable avec des passagers qui sont plutôt moqueurs à l’égard des VE ?
Un groupe d’amis avait prévu se retrouver à Châteauroux à 15h.
Quatre sont partis la veille pour passer la nuit sur place, et trois autres (moi y compris), ne pouvant pas se libérer avant, avaient prévu faire la route le jour même.Vu que j’ai un VE et que l’autre n’a pas le permis, la conductrice était toute désignée. Oui mais c’était sans compter sur une biche qui, la veille au soir, a visiblement oublié de regarder avant de traverser la route.
Résultat, plus de peur que de mal mais une voiture qui finit dans le champ lors de l’évitement avec pour conséquence l’immobilisation au garage le temps des réparations.
Passé le coup de l’émotion, on se demande quoi faire, on est dépité de manquer le rendez-vous du lendemain.
À vrai dire, même si je n’en ai rien montré, je n’étais pas très sûr de moi non plus, je n’avais même regardé ni l’état des bornes, ni la distance, ni le temps du trajet, mais je connais bien les routes et les bornes de ce coin de France et ça me paraissait faisable.
Au pire, si on tombe en panne, ça leur fera une bonne histoire à raconter, et je prends le risque de me faire chambrer à vie.
Départ prévu à 8h, pour une arrivée au plus tard à 15h.Finalement, comme prévu, départ de Arcachon à … 8h15, avec mes deux passagers pas vraiment rassurés malgré les 100% de charge et les 172 km d’autonomie affichée pour « seulement » 159 km d’autoroute (en légère montée) jusqu’à la première recharge au Auchan d’Angoulême.
Bien entendu, la météo est contre moi, il pleut et fait 8°, mais avec les sièges chauffants on peut limiter le chauffage au strict minimum.
Cependant, même en me limitant à 96 km/h au lieu des 110/130 autorisés, l’autonomie chute plus vite que défile le paysage mais je me garde bien d’en informer mes compagnons de galère, et je réduis la vitesse à 90 km/h.Vient l’inévitable moment où l’alerte batterie faible retentit, ce qui a pour effet de réveiller leurs angoisses. Et j’ai beau leur montrer le gps qui indique qu’il ne reste que 15 km à parcourir alors que l’autonomie affichée est de 20 km soit une bonne marge de 5 km, ça n’a pas l’air de les rassurer.
À 10h05 On arrive à la borne avec 9 km d’autonomie restant et 7% (soit environ 12 km réellement restant), je sens le soulagement de mes passagers.
154,6 km parcourus à une moyenne très honorable de 80 km/h et 14,9 kWh/100.
Cela fait un peu moins de 2h qu’on est parti, et la pause café / croissant est bienvenue.
Pendant ce temps la voiture charge. C’est bien pratique d’avoir la borne en face du Flunch.
35 min plus tard, c’est reparti, 141 km d’autonomie affichée pour 120 km à faire, l’ambiance dans la voiture à changé, les sourires crispés laissent place à la franche rigolade, mais il reste une question en suspens, arriverons-nous à l’heure ? car nous sommes attendus.
D’Angoulême à Poitiers, c’est encore de la 2×2 voies limitée à 110 km/h sur la majorité du trajet, là encore je mets le régulateur à 96 km/h.
Il nous faut ainsi un peu plus d’une heure pour parcourir 111,8 km à 85 km/h moyen et 15,6 kWh/100.
Cette fois, personne ne s’est affolé à l’alerte de batterie faible et il reste 21 km d’autonomie et 16% lorsque je me branche.
Il est midi pile, ça tombe bien, il y a l’embarras du choix niveau restauration, et cette fois la voiture « mangera » plus vite que nous.
À 35 min, je vais rapidement relancer la charge qui s’est arrêtée à 83 %, 3 min plus tôt, pour charger jusqu’au maximum de 94 %. (32 min de 16 à 83 % puis 12 min de 83 à 94 %).
Estomacs et batterie remplis, nous voilà reparti pour la dernière étape d’environ 130 km à travers le Parc naturel régional de la Brenne et ses jolis paysages.
On arrivera finalement à 14h43, quelques minutes avant nos amis qui étaient pourtant censés être déjà sur place.
Ressenti de mes passagers à chaud ? « On est déjà arrivé ? Ah bah en fait on a roulé vite ?
En fait on est quand même parti depuis 6h30, mais la perception du temps est très relative.
Je suis quand même rassuré car j’avais vraiment peur qu’ils trouvent le temps long. Au final il n’en est rien. Les deux pauses, café puis repas y sont sûrement pour beaucoup.
Bref, on passe l’après midi tous ensemble et avant de se se séparer pour le retour, on va boire un coup, évidement proche d’un Auchan pour que je puisse recharger.
Le compteur affiche alors 138,8 km parcourus à 65 km/h moyen pour 13,8 kWh/100, et il reste 26 km d’autonomie (16 %).
19h, il est temps pour nous tous de rentrer à Arcachon.
Comme il y a de la place dans l’autre voiture, je perds une passagère qui doit rentrer au plus vite, et il faut bien avouer que ça va plus vite en VT, mais à ma surprise je gagne un passager curieux, rassuré par le fait que si on à pu faire l’aller, en toute logique le retour ne devrait pas poser de problème, courageux mais pas téméraire.
J’ai 83 % de charge, suffisant pour les 120 km à faire jusqu’à Poitiers, et c’est parti, même chemin en sens inverse, sauf qu’on discute un peu trop et que je ne fais pas attention au gps dont j’ai coupé le son, et je rate deux sorties d’autoroute…. machinalement j’étais en route vers Limoges, mon trajet habituel quand je passe par Châteauroux sauf qu’on est dimanche et que Nissan Limoges étant fermé, la borne n’est pas accessible.
Heureusement je m’en rends compte lorsque je vois que mon autonomie passe sous la distance affichée au GPS …. je réalise que cette inattention va me coûter un bon gros détour de 20 km.
Au moment où je sort de l’autoroute il me reste 108 km à faire pour seulement 98 km d’autonomie affichée.
J’en rigole, mes passagers un peu moins, mais ils me font maintenant confiance.
La route empruntée (au plus court), bien qu’étant un peu plus lente, est vraiment sympa, rivières, falaises et monuments remarquables en tout genre, on a encore une fois pu profiter des paysages.
Il est 21h lorsque je branche le soul à la borne après 134,6 km à 67 km/h pour 13,4 kWh/100. Reste alors 19 km d’autonomie (12 %).
Tout comme à l’aller on en profite pour manger.
Cette fois, pas besoin d’interrompre mon repas pour relancer la charge, 83 % sera largement suffisant pour notre prochaine étape.
45 min plus tard, le ventre plein, on reprend la route. (il aura suffi de 32 min de charge)
Comme à l’aller, je mets le régulateur à 96 km/h.
Je ne sais pas si c’est la fatigue ou la digestion, mais tout le monde est bien calme, ça ne parle plus trop et on laisse la musique nous bercer tranquillement.
Plus personne ne fait attention à l’alerte de batterie faible et il est 23h lorsqu’on arrive à Auchan Angoulême, un peu trop tard pour profiter du Flunch, dommage.
(111,8 km parcourus, 85 km/h moyen, 15,1 kWh/100, 30 km et 16 % restants, soit très exactement le même trajet qu’à l’aller.)
Pour passer le temps pendant la recharge j’ai toujours dans ma tablette quelques épisodes de séries d’environ 25 min. Comme on est entre geek, ce sera « The Big Bang Theory ».
À peine l’épisode fini, il est déjà temps de repartir pour l’avant dernière étape, car oui, pour gagner du temps j’ai rajouté une étape au retour, ce qui évite de charger jusqu’à 94% et fait donc gagner 12-15 min, et surtout, je n’ai pas d’épisodes de seulement 15 min.
Après quelques minutes, nos amis en VT nous appellent, ils viennent d’arriver.
Ils auront mis 4h30, et sont affamés, l’apéro de 19h est bien loin et ils n’ont pas fait de pause.
Nous, il nous reste 150 km à faire, et une petite recharge, soit environ 2h encore de trajet.
La fatigue commence à se faire sentir, et la radio est agrémentée de ronflements, d’ailleurs on se repose parfaitement bien dans cette voiture, dixit les dormeurs.
Cette étape est quasi semblable à la précédente, 110,3 km, 85 km/h moyen, 14,9 kWh/100.
Il reste 25 km d’autonomie (18 %) lorsque j’arrive à la borne de Auchan Bouliac (Bordeaux) car si à l’aller j’étais parti avec 100 % pour cette étape direct jusque Angoulême, au retour je ne pouvais pas faire mieux que 94 % d’où ce choix.
Il est alors presque 1h du mat, et une question se pose :
– Pour la charge, on fait au plus vite ou on regarde un nouvel épisode ?
Réponse unanime, « épisode ! »
25 min plus tard, on repart avec trois fois plus d’autonomie que nécessaire pour les 40 derniers kilomètres.
01h27, j’arrive enfin chez moi après quelques détours pour déposer chez eux mes amis.
46 km, à 75 km/h moyen et 16,1 kWh/100 pour cette dernière et courte étape, il me reste 91 km d’autonomie.
Une bonne nuit de sommeil ne sera pas de trop pour me remettre de ces 809 km à 75 km/h moyen, soit 10h45 de passé au volant, et 14,8 kWh/100.
Le lendemain évidement, lorsqu’on se retrouve, la discussion tourne inévitablement sur ce voyage qui leur paraissait totalement fou et qu’ils ont finalement trouvé très agréable, et même mieux, l’amie qui à fait le retour en VT l’a trouvé bien plus long, alors qu’en vrai il à duré 2h de moins, mais en VE on a pris le temps de manger et ça change clairement la perception du temps de route.
Au final, trois anciens sceptiques (et même six en fait, puisque tout le groupe a été agréablement surpris) maintenant convaincu par les capacités du VE à s’éloigner un peu de son garage de temps en temps, même si c’est clair qu’on ne ferait pas ça tous les jours.
Mais malgré tout, mon passager qui a fait l’aller-retour et qui doit changer sa voiture « un jour » envisagera le VE lorsqu’ils auront une autonomie de 400 vrais kilomètres, les idées reçues ont la vie dure. (sachant que je crois bien que sa Punto diesel de 99 ne s’est jamais éloignée à plus de 100 km de son garage), enfin, c’est pas grave c’est mon ami je l’apprécie quand même.
Le plus important c’est que tout le monde gardera un bon souvenir de cette « aventure ».